Rencontre Therese Raquin Laurent

Voici le conte. Le cadet de Maillé et le sieur de Lavallière étaient frères darmes. Le premier avait épousé Marie dAnnebault, laquelle estoyt une gracieuse fille, riche de mine et bien fournie de tout. Mais le brave Maillé dut partir pour le Piémont, et il eut alors lidée de confier sa femme à son ami. Veux-tu avoir la charge de ma femme, la défendre contre tous, estre son guide, la tenir en lesse, et me respondre de lintégrité de ma teste? Lavallière accepta, après quelques hésitations, car il sentait le péril de la tâche. Quant à Marie dAnnebault, elle avaitécouté. Elle avoyt preste laureille aux discours des deux amys, et sestoyt grandement offensée des doubtes do son mary.. Il y avoyt, en son soubrire ung malicieux esperit, et, pour aller rondement, lintention de mettre son ieune gardechouse entre lhonneur et le plaisir, de si bien le requérir damour, le tant testonner de bons soings, le pourchasser de resguards si chauds, quil feust mlideile à lamitié au prouffict de la guallantise. Le drame, dailleurs, est la négation du théâtre, tel quon lentend aujourdhui. 11 ne contient pas une seule situation. Cest une élégie en quatre tableaux. Les deux premiers actes sont complètement vides. On a, dans la salle, limpression de la nudité de loeuvre, maintenant quelle nest plus échauffée par les phrases démodées qui passionnaient autrefois. Le premier table au du troisième acte, long monologue de Chatterton dans sa mansarde, est peut-être ce qui aie plus vieilli Rien.dincroyable comme ce poète, déclamant au lieu de travailler, et déclamant les choses les plus inacceptables du monde. Enfin, le tableau du dénouement est le seul qui reste dramatique. Un garçon qui sempoisonne, une femme qui meurt de la mort de lhomme quelle aime, cela remuera toujours une salle. Avant tout, pour me faire comprendre, je dois indiquer le sujet de la pièce, acte par acte, avec quelques détails. Au premier acte, nous sommes chez la comtesse Danicheff. H y a lu une scène douverture, destinée à nous faire pénétrer dans le milieu russe et à nous montrer la comtesse entourée de bêtes familières et de deux vieilles femmes parasites. Je reviendrai dailleurs sur la couleur locale. La comtesse a un fils, Wladimir, quelle veut marier à la princesse Lydia, fille du prince WalanolT. Mais Wladimir sest pris dun grand amour pour une serve, Anna, à laquelle la comtesse a fait donner de léducation et quelle a traitée jusque-là avec beaucoup de bonté. Quand le jeune homme avoue son amour à sa mère et parle dépouser Anna, la vieille femme, hautaine, toute pleine de lorgueil de sa noblesse, semporte et se refuse à cette union, quelle trouve monstrueuse. Puis, elle réfléchit, elle feint de céder, elle fait partir Wladimir pour Saint-Pélersbourg, en exigeant de lui quil passe une année loin dAnna et quil tâche, pendant cette année, daimer la princesse Lydia; au bout dun an, sil persiste clans son amour, il reviendra épouser la jeune fille. Wladimir pari, ravi de cette épreuve. Et,dès quil nest plus là,1a com Iesse, tranquillement.appelle son cocher, Osip,pour lo marier avec Anna, séance tenante. Justement, elle découvre quOsip adore Annaen secret, Elle a pour tout ce monde un calme dédain de maîtresse puissante et obéie. Elle marie ses paysannes, comme elle enverrait des cavales à létalon. Anna a beau se traîner à ses pieds, la supplier avec des sanglots, le pope est appelé et le mariage a lieu. Au second acte, nous nous trouvons transportés à Saint-Pétersbourg, chez la princesse Lydia. Cest là que se produit un attaché dambassade français, le jeune comte Roger de Taldé, qui est chargé de lélégance et de lesprit de la pièce. La princesse Lydia est une création satanique, une de ces filles à marier qui tiennent de la vipère et de la gazelle. Les velléités de couleur locale continuent dailleurs. Cest ainsi quun certain Zakaroff, un gredin, enrichi dans le fermage dos eaux-de-vie, se fait mettre à la porte par la princesse, pour avoir voulu acheter son influence à laide dun bijou. Lacte reste vide. A la fin seulement, la comtesse Danicheff arrive, Wladimir apprend tout et a avec sa mère une scène terrible. Joubliais de dire que M. Roger de Taldé se trouve mêlé là dedans, et que cest lui qui instruit le jeune homme, son ami, après avoir été mis lui-même au courant de laventure par un domestique de la comtesse. Wladimir séloigne follement, avec des menaces de mort contre Osip et contre Anna. Lo troisième acte se passe dans lisba clu nouveau ménage. Le mari et la femme ont été affranchis par la comtesse. On les retrouve très affectueux lun pour lautre, avec une teinte de mélancolie, Anna joue du piano, et Osip lui reproche doucement de ne plus chanter les vieux airs populaires de la Russie. Enfin, Wladimir se présente, la tête perdue. Cest la scène capitale. Le jeune seigneur va se précipiter sur son ancien serf et le frapper, rencontre therese raquin laurent Elle sarrête de temps à autre, en jetant des regards furtifs sur les joueurs. On rit, parce que tous les personnages courent sur la scène. Cette débandade qui entre, sort, se cache, reparaît, fait claquer les portes, étourdit les spectateurs et les charme. Cela, dailleurs, pourrait continuer éternellement. Sil ny a pas de raison pour que cela commence, il y en a encore moins pour que cela finisse. Enfin, les auteurs veulent bien aboutir à un mariage entre Gaston et une nièce de Kernanigous. Lhonneur de la cousine est sauf. La baronne et le baron sont convaincus que leur fils nest plus un bébé, et ils consentent à le traiter en homme. I Ce genre de pièces à quiproquos est toujours CHAPUZOT. Nest-ce pas? Nous pouvons sans crainte nous abandonner à notre douleur. rencontre therese raquin laurent BROCHARD, haussant la voix. Je te demande, Ribalier, si tu me la rends intacte, telle que je te lai confiée. MADAME FIQUET, après lavoir fait boire. Eh 1 il en entrerait encore dix comme cola. Cest parfait, je comprends. Thérèse et Laurent.. Elle écrit vos noms, mes amis. LAURENT, essayant de rire. Peur? peur de quoi.. Je nai pas trouvé la corbeille. RIBALIER, Mais non, meis non : Je passerais la nuit.. Nest-ce pas? Putois, je disais tout à lheure que je passerais la nuit Aolon tiers. HAPUZOT, RABOURDIN, MADAME FIQUET, DOMINIQUE, PUIS ISAAC ET MA: DAME VAUSSARD. Sans cloute, il faudrait laire accepter toute cette vérité, et cela nest point commode, car javoue volontiers que le théâtre a une optique particulière MM. Erekmann-Chatrian ne sen sont tirés cpie par des costumes alsaciens et des personnages en pâte tendre. Le problème deviendrait plus difficile encore, le jour où lon se passerait des agréments de la poésie sentimentale, et où lon voudrait mettre à la scène quelques gredins, pour ne pas sennuyer dans la compagnie de gens tous honnêtes. Ici, je dois marrêter, car jo ne professe pas, Dieu men garde! Je dis seulement où le théâtre doit tendre, selon moi. Lhabileté ne nuirait pas, mais il faudrait de la force avant tout. Un jour, une oeuvre naturaliste, bien équilibrée, faite pour le succès, viendra me donner raison, jen ai la certitude. rencontre therese raquin laurent Il sest arrêté dans la boutique, la sonnette se tait. Que peut-il faire.. Il remonte, ah! je lentends, qui remonte. Je savais bien quil était trop lâche.. LAURENT. Cest lombre. CAMILLE, posant le portrait sur le chevalet, appuyé au mur, entre lalcôve etJa fenêtre.

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