Laprès-midi, les grands ventilateurs brassaient toujours lair épais de la salle, et les petits éventails multicolores des jurés sagitaient tous dans le même sens. La plaidoirie de mon avocat me semblait ne devoir jamais finir. À un moment donné, cependant, je lai écouté parce quil disait : Il est vrai que jai tué. Puis il a continué sur ce ton, disant je chaque fois quil parlait de moi. Jétais très étonné. Je me suis penché vers un gendarme et je lui ai demandé pourquoi. Il ma dit de me taire et, après un moment, il a ajouté : Tous les avocats font ça. Moi, jai pensé que cétait mécarter encore de laffaire, me réduire à zéro et, en un certain sens, se substituer à moi. Mais je crois que jétais déjà très loin de cette salle daudience. Dailleurs, mon avocat ma semblé ridicule. Il a plaidé la provocation très rapidement et puis lui aussi a parlé de mon âme. Mais il ma paru quil avait beaucoup moins de talent que le procureur. Moi aussi, a-t-il dit, je me suis penché sur cette âme, mais, contrairement à léminent représentant du ministère public, jai trouvé quelque chose et puis dire que jy ai lu à livre ouvert. Il y avait lu que jétais un honnête homme, travailleur régulier, infatigable, fidèle à la maison qui lemployait, aimé de tous et compatissant aux misères dautrui. Pour lui, jétais un fils modèle qui avait soutenu sa mère aussi longtemps quil lavait pu. Finalement javais espéré quune maison de retraite donnerait à la vieille femme le confort que mes moyens ne me permettaient pas de lui procurer. Je métonne, messieurs, a-t-il ajouté, quon ait mené si grand bruit autour de cet asile. Car enfin, sil fallait donner une preuve de lutilité et de la grandeur de ces institutions, il faudrait bien dire que cest lEtat lui-même qui les subventionne. Seulement, il na pas parlé de lenterrement et jai senti que cela manquait dans sa plaidoirie. Mais à cause de toutes ces longues phrases, de toutes ces journées et ces heures interminables pendant lesquelles on avait parlé de mon âme, jai eu limpression que tout devenait comme une eau incolore où je trouvais le vertige. Available in JSTOR and the most recently published issue of a journal. Lélément du temps dans le roman est posé dune façon linéaire. La première partie du roman se déroule sur une période de deux semaines pendant que la deuxième dure presque un an. Il ny a pas de flash-back et les événements se suivent linéairement. Les chapitres de la première partie couvrent en moyenne un periode de deux jours. La Caisse locale, point dancrage de votre relation bancaire, favorise la proximité. Romancier qui ne nomme pas les Arabes et surtout son frère ce qui lui laisse un ressentiment : il avait un nom dhomme ; mon frère celui dun accident ; aucun nom, aucun droit ; il aurait au moins pu lappeler comme En philosophie, il nest pas rare demployer le terme de cité à la place du mot Etat. Cette pratique renvoie à la Grèce antique, laquelle était composée de grandes cités, dont Sparte et Athènes. Dans cette pièce fort symbolique, les naissances, rencontres avec la mort et renaissances sont multiples : mort de la mère qui implique la mort de lenfance, renaissance dans la mer et dans lattraction à lautre, le meurtre puis prise en main de son destin et acceptation de la mort. Les acteurs cherchent dailleurs à susciter le débat avec le public. Chaque représentation est suivie dun débat de 30 minutes voir photo. Les acteurs ont, à cette occasion, précisé que bien que très réaliste, cette histoire aurait connu une autre fin dans la vie réelle. En effet, dans le contexte colonial de lAlgérie française, un français naurait certainement pas écopé de la peine de mort pour le meurtre dun algérien. Dans ce moment de partage intensément philosophique, ils concluent que la vie na pas de sens en soi et que chacun doit construire son propre sens. Comment? En plein accord avec Camus, ils partagent leur sentiment que la liberté est à trouver dans lacceptation de son sort, la gestion de son destin et en souvrant aux autres. Le sens du livre tient exactement dans le parallélisme des deux parties. De lautre côté de la vitre, dautres collègues suivent les événements. Même les distributeurs de boissons et de friandises, au fond de la salle, semblent avoir respecté les consignes. Après le déjeuner, Meursault, Raymond et lami de Raymond vont se promener sur la plage. Ils aperçoivent deux arabes dont le frère de la maîtresse de Raymond. Une bagarre se déclenche durant laquelle Raymond est légèrement blessé par un coup de couteau. CAMUS Albert, LÉtranger À la française CAMUS Albert, LÉtranger À la française Raymond et Meursault retournent sur la plage ou les arabes sont encore là. Raymond iframe srchttps:www.franceinter.frembedplayeraod298da5af-e937-4f31-8759-a9553e5f7495 width100 height64 frameborder0 scrollingnoiframe PROUST, Un amour de Swann, Et en ces hommes..son repaire pp. 206-207 Garnier-Flammarion Paris, mais il ne montre denthousiasme. Apres, Marie lui demande sil veut se Il fonde son raisonnement sur de nombreux traités philosophiques et luvre de romanciers comme celle de et de et que le bonheur revient à vivre sa vie tout en étant conscient de son absurdité, car la conscience nous permet de maîtriser davantage notre existence. A découvrir en quantité limitée avec un prix spécial fête des pères dans votre Cavavin Arcachon La partie la plus développée, presque façon conte oriental, concerne le XIII siècle, époque à laquelle vécurent les deux héros dont lhistoire est ici relatée. Lun, Shams, un derviche soufi rencontre, après un parcours initiatique personnel très étonnant, un homme de pouvoir, Rumi qui, fort de lamitié qui jaillit entre les.. Labsence dune date précise, dun moment de référence, rend encore plus vague le caractère et les émotions de Meursault : il vit le jour présent et il ne réussit pas à se projeter dans lavenir. Le protagoniste manque dambition et donc sa vision nest pas clairvoyante mais limitée au moment présent. De son passé on ne connaît pas grand chose et il se le rappelle plusieurs fois avec difficulté : sa vision des événements passées apparaît confuse. Avec la scène du meurtre, qui a lieu sur la plage sous le soleil écrasant de midi, nous abordons lautre versant de la pensée camusienne : labsurde. En effet, Camus a mis tout en place pour que le lecteur comprenne sans équivoque que Meursault nest pas responsable du meurtre quil commet. Il est littéralement acculé à cet acte par une chaleur et une lumière insoutenables. Il est aveuglé par le reflet du soleil sur la lame du couteau de larabe, il tire. Camus utilise dans la scène du meurtre tout un vocabulaire qui lie symboliquement le soleil à la souffrance autant quà la guerre : brûlure du soleil cymbales du soleil sur mon front longue lame étincelante glaive éclatant une épée brûlante rongeait mes cils pleuvoir du feu. Ce soleil là est intimement lié à la mort. Cest un soleil noir ; un soleil mortifère, le même notons-le que celui qui lavait accompagné lors de lenterrement de sa mère Cest que lastre solaire joue ici le rôle de lananké grecque cest-à-dire du Destin qui frappe et écrase lhomme et donne sa dimension tragique à nos destinées : Jai tiré encore quatre coups sur le corps inerte Et cétait comme quatre coups brefs que je frappais sur la porte du malheur. Mais labsurde camusien, pour tragique quil soit, nest pas un désespoir. CAMUS, au contraire, na eu de cesse de chercher inlassablement le moyen de réintégrer du sens dans nos destinées. Cest ainsi quil faut comprendre le texte qui ouvre son essai philosophique de 1942, Le Mythe de Sisyphe : Il ny a quun problème philosophique vraiment sérieux : cest le suicide. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine dêtre vécue, cest répondre à la question fondamentale de la philosophie. Mais avant de parvenir à conquérir le sens de sa propre existence, Meursault est soumis à une lente dissolution qui va revêtir plusieurs formes tout au long de la seconde partie du roman et qui remplit la même fonction que dans les rites initiatiques mort symbolique à la vie profane puis renaissance à un niveau dexistence supérieure de linitié. Lenfermement en sera le premier stade en cela quil le prive de son rapport fusionnel à la nature méditerranéenne. Labandon de Marie, qui lui annonce au parloir quelle ne viendra plus le voir, en est un autre. Or la femme jouait ici, comme souvent dans lœuvre dAlbert CAMUS, un rôle de médiatrice femme et sexualité sont un moyen daccord au monde. Jusquau procès lui-même qui soulignera combien il est un étranger aux yeux dune société dont le procureur, défenseur et porte-parole, construit toute son accusation sur cet élément à charge: selon lui, un homme qui tuait moralement sa mère se retranchait de la société des hommes au même titre que celui qui portait une main meurtrière sur lauteur de ses jours. Dans tous les cas, le premier préparait les actes du second, il les annonçait en quelque sorte et il les légitimait. Si les juges parlent de monstre moral, cest quils ont compris que Meursault nest pas des leurs en cela quil ne joue pas le jeu des règles sociales. Mais navions-nous pas été nous-mêmes alertés par la récurrence de son leitmotiv cela métait égal, tant il mettait une incompréhensible distance entre le personnage et nous? Cette fois-ci Meursault est véritablement vide, vidé de lui-même, de ce qui faisait sa vie et son bonheur dêtre et sans appartenance, puisque rejeté par la société des hommes. Il est temps pour lui de conquérir sa propre vie et cest de la confrontation avec laumônier des prisons que va surgir ce nouveau Meursault. Laspect extérieur quil a de Paris, cela confirme que Meursault ne vit quavec ses sens. Sa description navait pas de sens, étranger à la société dans laquelle il vit. Il ne parle pas pour ne rien dire, il nest pas très bavard.